11 au 13 Décembre
Le lendemain matin, nous partons de bonne heure pour aller marcher un peu dans la forêt dans l’espoir de voir des singes.
Théoriquement, nous devons réaliser ce trek accompagné d'un guide parlant anglais (nous l'appellerons Gus pour simplifier l'explication...) et d'un guide local appartenant au village. Nous aurons même la chance d'être finalement avec 2 guides anglophones et 2 guides locaux. Le but est que le guide local puisse nous apprendre les traditions et les spécificités de son village en passant par l'intermédiaire du guide anglophone pour que nous puissions comprendre... et ça permet aussi de générer un revenu direct pour le village....
C'est plutôt bien pensé...
... mais la vérité est un peu moins belle...
En réalité, si nous avons 2 guides (anglophones), c'est parce que Gus nous explique qu'il n'aime pas faire la cuisine et que, du coup, il a emmené une fille de l'Eco Guide Unit pour faire ce "sale" boulot...
Et, concernant les guides locaux, il ne nous expliquerons rien du tout... il faut dire que Gus les considère plus comme des porteurs que des guides (ils ont au moins 15kg sur le dos chacun, pendant que Gus a seulement ses affaires personnelles). Et vu comme il les regarde, et les critique dès qu'ils hésitent un peu sur le chemin à prendre, je comprends que les locaux ne nous parlent pas trop....
Enfin... la promenade dans la forêt est plutôt agréable, même si, comme le soleil est déjà levé depuis un moment, nous ne verrons, ni n’entendrons pas le moindre primate.
Après le petit déjeuner, assez peu ragoutant, on vous le confirme !
... oui, en plus du poisson sèché visible sur l'autre photo c'est bien une patte de poulet qui trempe dans la soupe !!!
nous partons découvrir la forêt des esprits !!
Au passage nous rencontrons des vaches qui paissent dans une forêt sensée être protegée !!
... et des habitants qui coupent allègrement le bois de la forêt.
Ce n'est pas la première fois que l'on voit ce genre de situation depuis le début du treck et elle nous surprend un peu car nous pensions que nous étions dans une zone protégée...
Nous avions bien demandé à Gus mais il nous avait dit que cette activité était autorisée...
En posant un peu plus de questions aujourd'hui, on comprend qu'elle doit finalement être interdite puisque les habitants nous disent fuire à l'approche de contrôles...
De toutes façons, vue l'état de la forêt, nous nous rendons bien compte qu'ils déboisent activement. Il n' y a plus aucun gros arbre... C'est bien triste à voir !
Après à peine quelques minutes de marche, nous arrivons dans la forêt des esprits. Le guide local nous montre un totem.
Il s’agit soit d'une petite cabane (comme ci-dessus), soit de deux grands bouts de bois sculptés et plantés dans le sol.
Nous sommes dans l'un des endroits les plus sacrés pour les villageois. La forêt des esprits où reposent les ancêtres des habitants du village. Ce sont eux qui veillent sur les maisons et le village mais si leur descendant ne les respectent pas, ils errent dans cette forêt...
C'est à cause de ces esprits que les femmes n'ont pas le droit de rentrer dans cette forêt. Et c'est pour éviter de les offenser que les habitants viennent régulièrement faire des offrandes aux pieds des totems.
L'histoire laisse rêveur (surtout Alex qui était à la base très impressionné par leurs croyances)... Mais encore une fois, la réalité est un peu moins belle... les totems sont moins impressionnants que ce que nous imaginions et même les habitants ne semblent plus vraiment croire en leur croyances....
... la modernité est en marche...
Après cette petite étape culture, nous nous remettons en route pour 4 heures de marche à travers une forêt broussailleuse jusqu’au prochain village.
Pendant la marche, nous découvrons encore quelques facettes de Gus, notre guide. En plus d'être misogyne envers sa collègue guide, il l'est aussi envers nous !! Il ne parle, ostensiblement, qu'à Alex et même quand une fille lui pose une question, c'est vers Alex qu'il se tourne pour répondre !!!
Ca aura le don de rapidement énerver tout le monde et surtout de couper court à toute tentative de discussion...
La marche se passe donc en silence, à regarder le paysage ou à se parler entre nous...
Nous arrivons dans le prochain village, lui aussi ayant le même type de croyance, et nous découvrons notre maison pour la nuit...
Ici nous dormons dans une maison plus riche, de religion bouddhique (cherchez l'erreur, nous venons pour découvrir les croyances particulières de ce peuple et nous dormons dans la maison d'une famille bouddhiste...).
En tous cas, la maison est très grande, avec quatre pièces : cuisine, pièce principale, deux chambres. Il y a même une machine à laver et un frigo (et une télé bien-sûr).
Le village est aussi relativement développé, encore un peu plus que le précédent. Et il est lui aussi bien équipé pour couper des arbres. La plupart des maisons ont d'ailleurs des piles de planches entreposées dessous, soit-disant pour les rénover...
Sur cette photo vous pouvez noter les grosses enceintes (sous la maison) ... qui permettent de faire plein de bruit dès le lever du jour...
Après une rapide sieste, nous allons nous laver à la rivière, à 30 minutes de marche. Nous serons surtout charmés par la magnifique vue au soleil couchant !
Car cette expérience de bain Lao restera une expérience culturelle "intéressante"; à n'en pas douter!
Pour commencer, notre hôte nous a prêté des sarongs pour pouvoir se laver. Oui, ici, être une fille c’est encore moins pratique que d’habitude…
Il faut d’abord rentrer dans ce sarong, une sorte de grande robe qui couvre des épaules aux mollets (... enfin... quand on n'est pas aussi grande qu'Anaïs et Natalie...) et sous lequel on enlève ses vêtements, avant de rentrer dans l’eau (toujours caché par le sarong) jusqu’aux genoux environs... Et là on se lave d’une main en tenant le sarong de l’autre pour rester cachée… quel bazar !!
Sur la photo Natalie a son sarong en jupe et la guide (qui est pliée en deux, réussit à le porter en petite robe qui va des aisselles aux genoux).
Pour ne rien arranger, nous étions à peine arrivés qu’un groupe d’hommes est sorti de nulle part pour se baigner aussi… juste à côté de nous... visiblement très intéressés par les 2 blanches en train de se débattre avec leur sarong...
Anaïs et Natalie sont donc allées se mettre derrière un peu de végétation pour se cacher du guide et de ces hommes.
Mais après leur avoir crié de faire attention (oui, c’est vrai elles auraient pu se noyer dans 15 cm d’eau, ou tomber même en voyant le fond…) Gus les a suivi !! Il leur a fallu beaucoup d’insistance pour l’envoyer de l’autre côté, avec Alex…
Il ne comprenait pas que les filles soient si timides... Sauf que l’autre guide, femme, ne s’est pas lavée non plus, en raison de la présence de ce groupe d’hommes…
En plus, Gus s’est moqué d’Alex qui se baignait en short de bain (cherchez l’erreur…) alors que lui est entré dans l’eau en slip et avec sa serviette autour de la taille jusqu’au dernier moment pour ne pas qu'on le voit... et pour en sortir il a demandé qu'on lui fasse passer sa serviette pour se cacher… C'est vraiment l'hôpital qui se moque de la charité...
Quand, enfin, toute cette mascarade, bien rafraichissante malgré tout, a été finie, nous sommes repartis au village. Comme par hasard, le groupe d’hommes est reparti en même temps… D’après les villageois ce sont des Vietnamiens qui vivent dans la forêt…
En fin d'après-midi, pendant que notre guide (femme) préparait le dîner, nous avons beaucoup joué aux cartes pour passer le temps, un peu blasés de Gus, sa nullité (il ne sait rien), sa misogynie, et son mauvais anglais (alors qu’il est à la fac d’anglais...).
On apprendra aussi que l’association dont il fait parti (eco-guide tours), qui reverse une partie de ce que nous payons aux villages, ne contrôle pas du tout ce qui est fait avec l’argent !!! Ils achètent sans doute du matériel pour couper les arbres....
Gus dira aussi à Alex qu’il ne comprend pas l’intérêt de venir dans ces villages, qu’il ne les aime pas et que de toutes façons vu qu’ils vivent et se vêtissent comme les autres ce trek n’a plus aucun intérêt…
Il nous dira aussi qu'il n'aime pas être guide. Qu'être guide ça veut dire faire la cuisine et marcher (ce qui est fatigant...)....
Ce soir, après le diner, nous avons droit à une Baci cérémonie.
Il s’agit d’une cérémonie traditionnelle Lao qui est faite pour souhaiter la bienvenue ou dire au-revoir.
En théorie, cela se fait avec un musicien et des danseurs. Mais, ce soir l’instrument de musique est cassé et les danseurs absents. Nous ferons donc une cérémonie avec quelques hommes du village dans la maison.
N’ayant pas non plus de poule à ajouter dans les offrandes (centre du plateau) on fera avec un œuf.
La cérémonie commence par un long discours prononcé par le chef du village, qui sera traduit par notre guide par quelque chose comme « merci d’être là, on vous souhaite la bienvenue ».
Ensuite, chacun notre tour, on portera d’une main l’assiette contenant les offrandes pendant que le chef du village et ses collègues nous passent des bracelets aux poignets.
Une fois que tout le monde a ses bracelets on boit un verre d’alcool de riz, chacun son tour.
A la base, nous nous réjouissions de participer a ce genre de cérémonie mais vu le contexte, elle a perdu tout son sens. On a eu l’impression d’avoir droit à une cérémonie « low cost »qui ne fait pas plaisir aux villageois, qui ne semblent pas du tout intéressés par notre présence.
Et après toutes ces émotions, il ne nous reste plus qu'à aller nous coucher...