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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 10:44

On vous a déjà parlé à plusieurs reprises des animaux incroyables d'Australie mais nous ne vous avons pas encore parlé de sa végétation, tout aussi surprenante...

Dans un pays isolé du reste du monde depuis des milliers d'années, la végétation s'est développée ici sans subir les influences des autres continents et en s'adaptant, se spécialisant à l'extrême pour s'adapter à son habitat.

 

La roche qui constitue l'Australie est très ancienne, datant de 2,5 milliards d'années (!!!) et n'a pas connu de grand bouleversement. Pas de volcan, pas de tremblement de terre, pas de faille... la roche s'est simplement érodée pendant toutes ces années, donnant un pays plat (300m d'altitude moyenne) et couvert de sable.

L'Australie possède donc les sols parmi les plus pauvres de la planète et un climat parmi les plus rudes que l'on puisse imaginer, avec moins de 25 jours de pluie par an dans certaines régions.

 

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Mais les plantes se sont quand mêmes installées créant le "bush australien".

Ce mot un peu passe-partout signifie littéralement "buisson" mais correspond à toute une variété de plantes allant du spinifex (une herbe) aux eucalyptus. Et tout ce petit monde s'est adapté pour résister à la chaleur et profiter de la moindre goutte d'eau.

 

DSCF6267-copie-1

 

Un exemple, durant la saison sèche, beaucoup d'arbres perdent leur feuilles pour économiser leur énergie et limiter les pertes d'eau par transpiration. De la même façon, l'herbe sèche complètement attendant les premières gouttes de pluie pour reverdir en à peine quelques jours.

Autre exemple, les plantes ne fleurissent pas à une date fixe, c'est l'arrivée de la pluie qui détermine la période de floraison.

 

Dans ce monde sec à l'extrême, une moindre étincelle et tout s'embrase créant des feux gigantesques, inarrêtables et destructeurs. Tous les ans des milliers d'hectares brûlent, allant même, certaines fois, jusqu'à ensevelir sous la fumée la ville de Sydney en 2001 !! 

 

feu sydney

Photo trouvée sur internet (source : Nouvel Obs)

 

Pour lutter contre ce fléau, les Australiens ont mis en place un système de contrôle de la sécheresse dans tout le pays et peuvent déclarer un état de "Total Fire Ban" dans certaines régions lorsque la situation devient critique. Dans ce cas, plus personne ne peut allumer de feu, même pas pour faire un barbecue et certaines zones sont purement interdites d'accès.

Et on ne rigole pas !! les amendes vont d'un minimum de 5 000 $ à plus de 100 000 $ et 14 ans de prison !!

 

Le feu est omniprésent, partie intégrante de l'écosystème et comme pour le sol pauvre, comme pour la sècheresse, les plantes ont dû faire avec, s'adapter... évoluer en somme.

 

Certaines ne poussent que sur les versants ombragés des collines, là où le feu à moins de chance de prendre ; d'autres ont une écorce très épaisse qui les protège de la plupart des incendies ;

Mais d'autres encore ont des techniques plus originales :

 


 

Certains eucalyptus (le faux-hêtre de Moore par exemple) font des "bourgeons dormants". Ces petits bourgeons poussent sous l'écorce mais restent en dormance pendant la vie de l'arbre. C'est seulement en cas d'incendie que la chaleur ou la fumée permettent aux bourgeons d'éclore et de reverdir rapidement un arbre brûlé.

 

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D'autres espèces d'eucalyptus font des graines qui, en tombant au sol, s'enterrent et attendent patiemment. C'est seulement quand la chaleur d'un feu se fait sentir qu'elles commencent à éclore, permettant à l'espèce de survivre. C'est même un avantage pour elle, car la nouvelle graine profite d'une zone dégagée et riche en cendres fertiles.

 

Le spinifex enfin, garde ses graines dans des coques fermées et très solides. C'est seulement la chaleur du feu qui peut éclater la coque, libérant les graines !

 

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Le feu, vous le voyez, fait partie intégrante de l'écosystème et les Australiens l'ont vu et bien compris.

 

Les Aborigènes, par exemple, l'utilisaient pour modeler le paysage. C'est eux qui ont enseigné cet art aux bushmen et maintenant aux rangers des parcs naturels.


L'idée : pour se protéger du feu, il faut.... mettre le feu. (!!). 

 

En faisant brûler de petites parcelles, on nettoie le sol, on brûle toutes les herbes sèchent et les branches mortes. Comme ça, si pendant la saison sèche un feu se déclenche, il aura moins de combustible pour prendre de l'ampleur...

Mais il ne faut pas le faire trop tôt sinon le spinifex et les autres herbes ont le temps de repousser. Ni trop tard sinon le feu risque de devenir incontrôlable...

 

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C'est un véritable art et à certaines saisons, on aperçoit continuellement des nuages de fumée à l'horizon. Les rangers nettoient la forêt, parcelle par parcelle...


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Et il le font de façon sélective :

- une parcelle boisée doit être brûlée en début de saison sèche pour que l'humidité encore présente dans la végétation protège les arbres.

- une parcelle de prairie doit être brûlée en fin de saison sèche provoquant un feu plus important qui viendra carboniser les pousses des jeunes arbres qui viennent coloniser la zone.

 

Bref, on ne s'improvise pas bushman ! et encore moins Aborigène...

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commentaires

N
Effectivement nos journaux télévisés ont relaté tout récemment d 'importants incendies sur le sol australien dus à la sécheresse .<br /> Incroyable cette capacité d 'adaptation de la végétation !<br /> Si seulement l 'eucalyptus était l 'ancêtre de l 'homme ! cela permettrait à nos politiques d' appliquer les bonnes solutions pour la planète !
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E
Encore un article culturellement super intéressant (une habitude) de nos reporters.
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