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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 11:26

28 au 30 Octobre

 

Notre nouvelle maison est identique en tout point à celles que nous avons déjà vu, à la différence près, que la famille semble un peu plus aisée. Nous apprenons vite pourquoi : nous serons hébergés chez l’une des personnes les plus importantes du village : l’institutrice. C’est une gentille dame au grand sourire, d’une soixantaine d’années et parlant quelques mots d’Anglais. Elle nous fera même l’honneur de manger à notre table ce qui nous permettra de discuter un peu avec elle.

 

Ici, l’école n’est pas obligatoire (!!) et les parents les plus pauvres voient facilement d’un mauvais œil les coûts entrainés par l’achat des livres et du matériel scolaire. Les classes sont néanmoins surchargées, l’école primaire du village compte 260 élèves et notre hôte enseigne dans 2 sections différentes de 50 à 60 élèves par classe (!!) soit près de la moitié de l’école à elle toute seule !!! Pendant qu’elle donne des devoirs à une classe, elle va faire une leçon dans l’autre et vice-versa, à longueur de journée…

Lorsqu’il faut remplacer un enseignant qui s’en va, c’est généralement les moines bouddhistes et le chef du village qui désignent la personne la plus érudite et la plus à même d’enseigner.

Dans cette région qui voit beaucoup de touristes et qui est une sorte de vitrine du monde rurale du Myanmar, la situation de l’école n’est pas très belle alors imaginez dans les régions reculées ou pire en conflit avec la junte au pouvoir… les statistiques le prouvent, alors que 23% du budget de l’état est attribué à l’armée (qui joue aussi le rôle de police…), seul 4,3% est alloué à l’éducation et 1,3 % pour la santé !!!

 

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pendant ce temps là, en cuisine...

 

Pendant le repas, Koukou nous enseigne également quelques rudiments de la bienséance birmane, à appliquer ce soir puisque la maitresse de maison est présente à notre table :

 

C’est le ou la plus jeune de la table qui commence. Elle choisit un plat, qu’elle sert à toute la table en partant de la personne la plus âgée vers la plus jeune et se sert en dernier. A la suite, chacun peut se servir ou resservir mais chaque fois qu’on souhaite entamer un nouveau plat, on doit d’abord l’offrir à tout le monde en respectant les mêmes règles.

Pour servir, de la main droite on prend une cuillérée du plat, que l’on donne en soutenant le bras droit au niveau du coude avec la main gauche. L’idée est de servir « avec les deux mains », ne le faire qu’avec une est très familier.

Enfin, on ne commence à manger qu’une fois que la maitresse de maison commence à le faire.

 

Après le repas, on nous explique que nous sommes tombés en plein durant le festival de la pleine lune qui est une importante fête bouddhique. Elle célèbre la descente de Bouddha sur Terre après avoir passé 3 mois au ciel.

Durant les 3 mois précédents, Bouddha était monté au ciel pour méditer et pour enseigner à sa mère les préceptes du bouddhisme. Après cette période, pendant la pleine lune, il redescend sur Terre pour transmettre son enseignement. C’est donc l’occasion d’une grande fête dans le pays où chacun allume des bougies chez soi et devant sa maison pour accueillir le retour de Bouddha. Sa période d’absence est d’ailleurs perçue comme une période triste où il est interdit de se marier et où les moines n’ont plus le droit de voyager et doivent rester dans leur monastère à méditer.

Pour cette occasion, toute la famille va d’ailleurs au monastère tout proche pour y faire des offrandes (bougies, gâteaux, bananes, savon, cigarettes,…) et prier.

 

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Nous aurons la chance de pouvoir les accompagner et nous découvrirons que nous ne sommes pas les seuls. Durant la semaine du festival, tout le village doit venir faire de même et les groupes venant prier et faire des offrandes se succèdent toute la soirée devant le doyen du monastère.

 

Le lendemain matin, nous retournons avec Koukou dans le monastère pour que, au calme cette fois, elle puisse nous parler du Bouddhisme. Ce matin, le village est couvert de brume donnant une allure encore plus mystique au vieux bâtiment de bois.

 

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Koukou nous explique que ce monastère ne compte que 3 moines résidents (!) mais qu’il héberge aussi des novices (avant 20ans), des jeunes moines n’ayant pas encore leur majorité. Une des particularités du Bouddhisme est que les moines ne restent pas forcément à vie dans cette condition, il est tout à fait possible, et normal, d’alterner entre vie de moine et vie civile durant sa vie. Pour les garçons, il est même obligatoire de passer un certain temps en tant que novice et une autre, plus tard, en tant que moine. Pendant la période où ils ne sont pas moines, ils peuvent d’ailleurs se marier et avoir des enfants…

 

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Lorsque nous arrivons au monastère, les moines sont en train de petit déjeuner, servi par des hommes en civil. Au vu de notre étonnement, Koukou nous explique qu’à tour de rôle, des hommes du village ou des environs ont pour rôle de venir s’occuper des moines le matin et le soir. Pendant la journée c’est au tour des personnes âgées de venir s’occuper du monastère, cet arrangement permettant aux jeunes de ne pas délaisser leur travail des champs.

 

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Ces modes  de fonctionnement permettent de complètement intégrer les monastères dans la vie de tous les jours des villes et villages. A l’inverse de l’Europe, il est courant de voir des moines se promener dans les rues ou de prendre les transports en commun. Cette proximité explique en partie pourquoi en 2007, ce sont les moines qui sont venus manifester dans les grandes villes du pays contre les conditions de vie trop dures du peuple birman (suite à la mise en place d’une taxe sur le prix du pétrole (+600%) affectant tous les secteurs : transport, prix des aliments, etc…).

La répression par les armes de cette « révolution de safran » pacifique a ému les peuples occidentaux mais a profondément choqué le peuple birman qui a toujours eu le plus grand respect pour leurs moines.

 

Après le petit-déjeuner des moines, c’est au tour des villageois et alors que nous nous apprêtons à partir, un moine nous informe que nous sommes aussi invités à déjeuner là…. (alors que notre petit déjeuner nous attend aussi à la maison….). Il est évidemment impossible de refuser et nous nous installons donc autour d’une petite table basse très garnie. Nous faisons honneur à nos hôtes en prenant un peu de riz, de légumes grillés et de soupe. Nous éviterons néanmoins les poissons séchés à l’odeur repoussante…

 

Après ce petit-déjeuner, et un peu du deuxième qui nous attend à la maison, nous repartons finalement pour la dernière étape.

 

Cette journée sera un peu plus courte, seulement 4h30 de marche le matin avant de rejoindre le lac Inle, notre destination ; mais elle ne sera pas aussi intéressante que les précédentes. Nous nous retrouvons rapidement à marcher sur une route en terre (c’est une highway pour le pays !!!) à descendre dans une petite vallée herbeuse.

 

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Une dernière descente plus raide (et glissante), nous permet de voir enfin le lac et ses villages flottants.

 

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Après un déjeuner dans un petit restaurant simple, nous devons nous acquitter des 10$ d’entrée dans la zone (c’est une taxe du gouvernement. Un moyen pour la junte de profiter de l’argent des touristes…). Puis nous rejoignons un bateau qui nous attend pour nous emmener vers la ville principale du lac : Nyaungshwe (prononcez « Niangue choué »).

 

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La ballade commencera le long d’un étroit canal qui mène au lac principal à travers les jardins flottants. Ces jardins, une spécialité de la région permettent de faire pousser tomates, courges, fleurs et autres sur le lac en installant des treillis de bois sur le tapis flottant de végétation. Ce moyen de culture traditionnel a pendant longtemps été, avec la pêche, les seuls ressources des villages du lac.

 

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C'est un des moyens de subsistance des nombreux villages flottants répartis sur tout le lac.

 

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Arrivés sur le lac principal, nous nous rendons vite compte que nous ne sommes pas seuls et que de nombreux bateaux sillonnent les eaux.

 

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La route se poursuit pendant encore une heure au milieu du beau lac entouré de montagnes. Les pagodes aux flèches dorées et les pécheurs que nous apercevrons en chemin, nous laissent présager une belle journée pour le lendemain.

 

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Voilà comment se termine notre très belle randonnée de trois jours...

PS : encore une fois, beaucoup beaucoup de photos sur cette rando et vous en trouverez encore d'autres dans l'album photo...

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commentaires

N
Incroyable la couleur de l 'eau ! est-ce que vous savez pourquoi elle est si rouge à cet endroit ?
Répondre
A
<br /> <br /> ben c'est la couleur de la terre je pense... et puis c'est un petit bassin éloigné du grand lac donc il n'y a pas beaucoup de brassage d'eau...<br /> <br /> <br /> <br />